En 2019, plus de 1,4 milliard de déplacements internationaux ont été enregistrés selon l’Organisation mondiale du tourisme, un chiffre multiplié par 56 depuis les années 1950. Pourtant, certaines destinations limitent désormais volontairement l’accès à leurs monuments ou plages, malgré la demande croissante.
Dans plusieurs pays, la définition administrative de ce qui constitue un « touriste » varie d’une législation à l’autre, influençant politiques publiques et statistiques officielles. Cette diversité conduit à des approches très différentes en matière de gestion, de fiscalité et de conservation.
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Qu’est-ce que le tourisme ? Origines, définitions et grandes évolutions
Au XIXe siècle, le voyage d’agrément prend un tournant inattendu. L’arrivée du chemin de fer coupe les distances, et les élites s’approprient la mode des séjours au bord de la mer ou dans des stations thermales. C’est là que commence la lente transformation du tourisme, bien avant qu’il ne s’impose, quelques décennies plus tard, comme une réalité de masse. Progressivement, le mot « tourisme » gagne du terrain, désignant ces départs volontaires loin du domicile, pour une durée précise, sans y exercer de travail rémunéré.
La notion de tourisme se précise vraiment à partir des années 1970, portée par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et la statistique onusienne. Désormais, le secteur englobe tous les déplacements hors du lieu de résidence, pour moins d’un an, à condition d’y passer au moins une nuit, que ce soit à l’hôtel, chez l’habitant ou en hébergement informel. Le découpage entre fréquentation et durée de séjour structure alors toute la mécanique statistique et administrative : du classement hôtelier aux politiques nationales en passant par la collecte de données.
La France s’impose comme la destination numéro un à l’échelle mondiale depuis des décennies, attirant chaque année plus de 80 millions de visiteurs internationaux. Ce succès se mesure dans la quantité d’arrivées, de nuits passées en hébergement marchand, et dans la capacité de l’Hexagone à faire voyager ses propres habitants sur son territoire. Voilà le signe d’une activité multiforme, vitale pour l’économie et la société françaises.
Les multiples visages du tourisme : formes, pratiques et motivations
Le tourisme ne ressemble plus à la grande migration estivale des années 1980 vers les plages du Sud. Il s’est diversifié, multipliant les propositions pour répondre à des envies très différentes. Le tourisme de masse, l’image des foules sur la Côte d’Azur ou à Disneyland Paris, reste un pilier, mais il cohabite aujourd’hui avec une palette de pratiques bien plus nuancées.
Le tourisme culturel n’a jamais autant attiré : expositions phares, festivals, balades sur les routes du patrimoine. Paris, Lyon, Bordeaux, régulièrement classées parmi les villes les plus visitées d’Europe, illustrent cette vitalité. Les guides Michelin ou verts continuent d’orienter les voyageurs vers des expériences aussi variées que la visite d’un grand musée ou la découverte d’un site moins connu.
Pour mieux comprendre l’éventail des offres qui composent aujourd’hui le secteur, voici quelques segments qui prennent de l’ampleur :
- Tourisme d’affaires : motivé par la dynamique économique des grandes villes françaises, il attire des millions de professionnels chaque année.
- Tourisme vert : met en avant les espaces ruraux, les parcs naturels, la randonnée et l’itinérance douce.
- Tourisme sportif : rassemble les adeptes de vélo, de sports nautiques, de montagne ou de marche à pied.
- Tourisme solidaire et équitable : séduit une clientèle attentive à son impact social et environnemental.
Les motivations, elles aussi, évoluent : quête de sens, envie d’authenticité, besoin de se déconnecter, recherche de bien-être ou défi sportif. Les plateformes comme Airbnb, les nouveaux modes d’hébergement marchand et la puissance des réseaux sociaux bouleversent les habitudes. Le secteur s’adapte sans relâche, à l’écoute d’une société en mutation.
Quels sont les impacts du tourisme sur nos sociétés et l’environnement ?
Impossible d’ignorer l’influence du tourisme sur nos territoires. En France, avec près de 90 millions d’arrivées internationales par an selon l’Organisation mondiale du tourisme, le secteur pèse lourd : 8 % du PIB et plus de deux millions d’emplois, directs ou indirects. Les retombées touchent autant l’hôtellerie que la restauration, le transport ou la culture. Pour certaines régions, le tourisme constitue la colonne vertébrale de l’économie locale.
Mais la croissance du secteur n’est pas sans heurts. Dans les grandes villes ou les sites très prisés, l’afflux de visiteurs fait grimper le prix de l’immobilier, accélère la gentrification et suscite des tensions : la tourismophobie s’installe parfois, Barcelone, Venise ou Paris en savent quelque chose. Saturation des infrastructures, nuisances, perte du caractère authentique, les défis s’accumulent. La gestion des déchets et la préservation de la qualité de vie deviennent des sujets brûlants.
Les conséquences environnementales s’avèrent également lourdes. Le transport aérien, pilier du tourisme international, pèse pour près de 5 % des émissions mondiales de CO2 selon l’OACI. Littoraux, stations balnéaires, parcs naturels : la fréquentation massive érode, pollue, fragilise des milieux déjà vulnérables. Des organisations telles que le WWF ou la COP21 tirent la sonnette d’alarme et appellent à repenser les modèles de développement touristique.
Pour mieux cerner les effets du tourisme, voici les principaux domaines concernés :
- Développement économique : création d’emplois, investissements, vitalité des territoires
- Pression sociale : hausse des loyers, transformation des quartiers, concurrence pour l’usage de l’espace
- Impacts environnementaux : émissions de gaz à effet de serre, perte de biodiversité, gestion des ressources
Tendances et défis : vers un tourisme plus responsable et innovant
Le tourisme durable s’impose désormais comme une évidence. Professionnels et voyageurs avertis privilégient l’écotourisme, les éco-hébergements ou la compensation carbone. Des labels tels que Green Globe ou EU Ecolabel encadrent la transition, pendant que des sites comme le Parc national des Écrins, les Calanques ou la Camargue réinventent leur stratégie autour de la préservation de la nature et du respect des communautés locales.
L’innovation s’invite dans la gestion des flux touristiques : outils numériques pour mieux répartir les visiteurs, incitations à découvrir des zones moins fréquentées, dispositifs de tourisme équitable et solidaire qui répondent à l’aspiration d’authenticité. Les réglementations évoluent aussi, à l’image de la loi ELAN ou de la loi sur la République numérique, qui encadrent l’hébergement marchand et les locations de courte durée.
Les défis restent entiers. L’explosion du tourisme international interroge la capacité des territoires à absorber toujours plus de visiteurs sans sacrifier l’équilibre local, qu’il soit social ou écologique. Dans les espaces protégés, avec l’appui d’acteurs comme le WWF ou l’Organisation mondiale du tourisme, de nouvelles approches voient le jour pour concilier préservation et retombées positives pour les habitants. Tout l’enjeu réside dans la transformation des pratiques, qu’il s’agisse de mobilité, d’hébergement, de consommation ou de gouvernance.
Le tourisme façonne nos sociétés bien au-delà d’une simple envie d’ailleurs. Il dessine de nouveaux horizons et nous met face à nos responsabilités. Le choix du voyage de demain appartient à chacun, et la destination finale pourrait bien surprendre plus d’un acteur du secteur.