7,4 millions de litres d’eau minérale confisqués en 2023 dans les aéroports européens. Le chiffre n’a rien d’anecdotique : la guerre contre les liquides en cabine n’a jamais cessé. Flacons, gels et aérosols sont scrutés, triés, limités à des contenants de 100 ml glissés dans un sac plastique transparent d’un litre. Médicaments, biberons et produits particuliers échappent à la règle, sous conditions strictes. Chaque passage au filtre de sûreté ressemble à une chorégraphie : ouvrir le sac, sortir les flacons, justifier l’exception. Depuis 2006, l’Europe campe sur ses positions. La technologie progresse, les textes évoluent, mais la vigilance reste de mise.
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Pourquoi les liquides sont-ils strictement réglementés en cabine ?
Au centre de cette politique : la peur des explosifs liquides. Août 2006, Londres. Un projet d’attentat utilisant des substances chimiques cachées dans des boissons et produits d’hygiène est mis au jour. L’Union européenne serre la vis. Depuis, chaque aéroport applique sans exception la même restriction : liquides, gels, aérosols, tous concernés.
Le danger n’est pas une abstraction. Des explosifs capables de passer pour du shampoing ou du gel douche : invisibles à l’œil nu, difficiles à traquer sans matériel pointu. Les contrôles de sécurité ne visent pas seulement les parfums ou les dentifrices, mais tout produit pouvant masquer une menace. Chaque flacon, chaque tube devient suspect.
Cette règle, partagée par tous les pays membres, limite les failles et simplifie la tâche des agents. L’efficacité repose sur la cohérence : pas de passe-droit selon la destination ou la compagnie. Les restrictions sur les liquides s’inscrivent dans une batterie de mesures qui englobe aussi armes, objets tranchants ou inflammables. Les technologies évoluent, la réponse réglementaire aussi, mais la méfiance reste la norme. Mieux vaut prévenir qu’attendre le faux pas.
Comprendre les règles actuelles : quantités autorisées, contenants et présentation
Dès que l’on approche du contrôle, la question des liquides revient sur le tapis. La réglementation, identique dans toute l’Europe, ne laisse aucune place au flou : chaque liquide, gel ou aérosol doit être conditionné dans un contenant de 100 ml maximum. Cela concerne aussi bien les cosmétiques que les aliments à consistance molle : crème, dentifrice, parfum, gel douche ou même fromage à tartiner.
Pour transporter ces produits, un seul sac plastique transparent et refermable, d’une capacité maximale d’1 litre (environ 20 x 20 cm), sera accepté. But de la manœuvre : permettre un contrôle visuel immédiat, limiter la quantité totale de liquides transportée par passager. Ce sac doit être présenté à part au moment du passage au poste de sûreté. Un coup d’œil suffit aux agents pour vérifier que tout est conforme.
Des exceptions existent, mais elles sont encadrées. Voici les principales dérogations à connaître :
- Les aliments pour bébés et les médicaments nécessaires au trajet peuvent dépasser les 100 ml, à condition de pouvoir le justifier et de les signaler au contrôle.
- Les produits achetés en duty free bénéficient d’un emballage scellé spécial (dit STEB), à condition de conserver le ticket de caisse.
Les objets interdits à bord restent sous surveillance, tout comme les équipements électroniques récents, parfois soumis à des contrôles spécifiques selon l’aéroport.
Questions fréquentes des voyageurs sur les liquides en avion
Les règles sur les liquides en cabine génèrent énormément de doutes. Agents et passagers se croisent, parfois s’agacent, autour des mêmes interrogations. Voici ce qui revient le plus souvent :
- La notion de « liquide » prête à confusion. Gels, pâtes, crèmes, aérosols, mais aussi certains aliments comme les fromages à pâte molle, sont soumis à la limite des 100 ml par contenant, à ranger dans le sac transparent d’un litre.
- Les médicaments et la nourriture pour bébé échappent à la règle des 100 ml, sous réserve de fournir une ordonnance ou une preuve de nécessité. L’usage doit être immédiat ou justifié pour la durée du vol.
- La multiplication des appareils électroniques n’a pas changé la règle sur les liquides, mais multiplie les contrôles. Certains aéroports, équipés de scanners 3D, facilitent le passage sans pour autant supprimer toutes les contraintes.
Les produits interdits en cabine : solvants, substances inflammables, et toute matière jugée dangereuse par la réglementation européenne. Ces règles s’appliquent aussi bien sur les vols nationaux qu’internationaux, dans tous les aéroports de l’Union.
Vers une évolution des restrictions : ce qui pourrait bientôt changer
L’arrivée de scanners 3D, ou scanners CT, dans les aéroports européens ouvre la porte à un tournant majeur. Ces équipements, capables d’analyser très finement le contenu des bagages cabine, pourraient bientôt rendre caduques les limitations actuelles sur les liquides.
Plusieurs aéroports n’attendent pas pour tester : Paris-Orly, Roissy-Charles de Gaulle, Bruxelles-Zaventem, Rome-Fiumicino… Le Royaume-Uni, particulièrement, a déjà installé ces technologies à Édimbourg et Birmingham. La Commission européenne pousse à l’harmonisation, mais la généralisation sera progressive. L’ampleur du trafic, l’agencement des aérogares, les investissements nécessaires : rien ne s’improvise.
À terme, ces scanners de nouvelle génération permettront d’embarquer en cabine des liquides au-delà des 100 ml, sans avoir à les sortir, sans sac plastique transparent ni tri laborieux. Pour les voyageurs comme pour les compagnies aériennes, c’est l’espoir d’un passage en sûreté accéléré, plus confortable, sans sacrifier la sécurité. L’équilibre se cherche : fluidifier l’expérience sans relâcher la surveillance.
Demain, peut-être, le sac plastique d’un litre ne sera plus qu’un souvenir de voyageur pressé. Mais tant que la menace plane, la prudence restera le mot d’ordre.